Inscrire les dynamiques du commerce dans la ville durable - Les fondements d’une nouvelle politique des périphéries urbaines et commerciales
Rapport : CGEDD, mars 2017
Auteur(s) : FARENIAUX Bruno, KBAIER Rouchdy, NARRING Pierre, STEVENS Dominique
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Le processus de développement urbain qui se déploie au-delà des villes fait débat depuis plus de trente ans. L’espace périurbain qui en résulte, constitué d’un habitat dispersé, de zones commerciales, agricoles ou naturelles…, très attractif pour une part importante de la population, est en décalage par rapport aux représentations opposant villes et campagnes, et aux valeurs auxquelles elles sont associées. L’expression de «France moche» est le symbole de cette incompréhension.
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La périurbanisation appelée également étalement urbain est un phénomène mondial. On la rencontre dans tous les pays développés mais elle ne fait pas l’objet d’une définition unique. S’il fallait retenir un point commun, on dirait que le périurbain est un espace sous influence des villes où les mobilités domicile-travail entre communes sont relativement élevées. En France, à partir de la définition de l’Insee, on peut considérer comme périurbaine toute commune dont au moins 40 % des actifs résidents se rendent pour leur travail dans un ou plusieurs pôles urbains de 1 500 emplois ou plus.
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Sylvia Pinel, alors ministre du Logement, de l'Égalité des territoires et de la Ruralité, a missionné Frédéric Bonnet, architecte et lauréat du Grand prix de l’urbanisme 2014, pour réfléchir à l’aménagement des territoires ruraux et périurbains et aux besoins en ingénierie urbaine qui en découle. Son travail a mobilisé plus de soixante experts nationaux. Il s’agit « de dégager les conditions pour que les documents d’urbanisme […] puissent apporter les réponses adaptées à ces enjeux », précise la lettre de mission.
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Ce rapport, intitulé « Requalifier les campagnes urbaines de France : une stratégie pour la gestion des franges et des territoires périurbains », coordonné par Pierre Narring avec Jean-Pierre Decourcelle et Jérôme Peyrat du Conseil général de l’environnement et du développement durable a été remis en avril 2015 à la ministre du Logement, de l’Égalité des territoires et de la Ruralité. Il propose une réflexion sur les territoires périurbains (état des lieux et analyse des travaux menés), leur aménagement et les politiques publiques qui doivent les accompagner.
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Martin Vanier, Romain Lajarge, Datar, 2011
Dans vingt ans, qu’en sera-t-il du processus de périurbanisation, et quelles seront les problématiques des espaces actuellement périurbains, ou ceux qui le seront devenus d’ici là ?
Ce volume de la collection Travaux en ligne reprend l’intégralité des travaux du groupe de travail prospective consacré au périurbain.
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Collectif, Datar, 2010
Ce deuxième numéro de la revue Territoires 2040 donne au périurbain une place centrale. Dès 2010, la Datar avait souhaité en faire un objet d’étude prospectif au vu des questions et des enjeux d’aménagement bien sûr, mais plus généralement sociétaux que cet espace, sa genèse et ses évolutions soulèvent.
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Emmanuel Roux, Martin Vanier, Datar, 2008
De la périurbanisation, on entend dire tout et son contraire. Dans ce numéro 8 de la collection Travaux, Emmanuel Roux et Martin Vanier, posent les termes d’une controverse mal identifiée et ouvrent des perspectives nouvelles pour les politiques publiques. Leur travail s’inscrit dans celui, plus large, du groupe de prospective sur « Les futurs périurbains de la France en Europe », conduit en 2007-2008 pour la Datar.
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Il n’existe pas de définition des espaces périurbains qui fasse consensus.
L’une des plus utilisées est liée au zonage en aires urbaines élaboré par l’INSEE et la DATAR en 2010. Selon celle-ci peuvent être considérés comme périurbains tous les espaces qui, situés en dehors des villes, sont néanmoins sous leur influence en matière d’emplois, de services, etc. Cette influence est saisie principalement à travers les déplacements domicile-travail. Ces espaces se développent ainsi autour et entre les pôles urbains selon des logiques de couronne, de corridor ou de plaque pour les plus grandes conurbations.
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D’après la typologie construite par le CGET selon des critères démographiques, économiques, sociaux, environnementaux et paysagers (où les campagnes concernent toutes les unités urbaines de moins de 10 000 emplois, soit 33 832 communes, 90 % du territoire métropolitain, 27,4 millions d’habitants), on peut distinguer trois grandes catégories de campagnes.
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L’urbanisation de l’espace national a été favorisée par l’essor des mobilités, en particulier des déplacements domicile-travail.
L’émergence en cinquante ans des espaces périurbains repose en effet, sur une disjonction de plus en plus importante des lieux d’habitation et de travail.
En moyenne, les Français effectuent des déplacements pour se rendre sur leur lieu de travail qui dépassent quotidiennement 29 kilomètres et 44 minutes aller et retour compris, en hausse de 64 % entre 1982 et 2008.
Si le temps consacré aux transports varie peu selon le type d’espace, les distances parcourues sont d’autant plus importantes que l’on se situe dans la faible densité.
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En 50 ans, la périurbanisation a dessiné en France un espace qui suscite aujourd’hui de nombreux débats. Sa définition même – selon l’Insee, est dite « périurbaine » toute commune dont plus de 40% de la population part travailler dans un pôle urbain – est loin d’en épuiser le sens. Il s’agit de fait d’un espace hybride entre ville et campagne, à la morphologie diverse (couronnes, corridors…) et caractérisé par sa fonction résidentielle dominante. L’habitat individuel – pavillons, lotissements – y est très représenté ainsi que le nombre de ménages propriétaires de deux voitures.
Consommateur de foncier agricole, vecteur d’artificialisation des sols, énergivore, producteur de formes urbaines dégradées et, par conséquent, « non durable », le périurbain fait l’objet de nombreuses critiques. Paradoxalement et ce, malgré plusieurs décennies de politiques publiques visant à réguler sa progression, le périurbain demeure toujours attractif pour des familles qui cherchent à accéder à la propriété et à trouver une qualité de vie que la ville ne leur offre pas.
Comprendre ce tiers-espace, c’est interroger ses caractéristiques socio-économiques et identitaires, les conflits d’usage qui le traversent, sa gouvernance et sa soutenabilité.
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